Dans le cadre de l’exposition « Murs & Merveilles, le papier peint s’expose au salon », une forêt tropicale (11 m x 6 m) et des cascades (8m x 6m) à l’encre sur papier japonais se déploient dans les galeries du château.
24H antipode circadien, un panorama à l’encre sur papier a été créé pour la salle à manger du Château de Champlitte. Composé sur les découvertes faites par les scientifiques et autres voyageurs, formant un paysage en nuancé, exécuté sur 44 feuilles de papier thaïlandais, sur 24 mètres de long et 3 mètres de haut, de la main de Caroline Desnoëtteset des oreilles complices des bio-acousticiens Olivier Adam et Thierry Aubin.
Ce panorama propose aux yeux et aux oreilles de l’observateur de goûter à un voyage intérieur, une sensation de dépaysement ressourçant. Ce dessin immersif inspiré par le papier peint panoramique du XVIIIème siècle « Les sauvages de la mer Pacifique » s’inscrit dans la continuité de cette fable murale, mêlant découvertes scientifiques et illusions exotiques.
L’œuvre s’affranchit du mur pour révéler les deux faces du panorama, suspendu dans l’espace, le papier joue des transparences colorées et suscite l’interrogation et la curiosité. Ce traveling de 24 heures sur 24 mètres linéaires de dessin déploie en cercle ovoïde une vision à 360°. Ce panorama, propre au découpage en panneaux, emprunte le langage graphique des nuages pour faciliter l’assemblage des motifs : folâtrerie, déchirure, boursoufflure, mutation, polymorphisme, gueule d’enfer. Il s’étend des indigos sombres aux éclats lumineux des heures chaudes jusqu’aux incarnats vespéraux. En immersion dans les couleurs mouillées et les formes qui fusionnent, sans horizon, troublé par une perspective inconstante et diffuse qui accroît la dilatation de l’espace, le passager du dessin foule des couvertures de survie. Un vocabulaire de formes emprunté aux palmier, bananier, papayer, tamarin, bouleau pleureur, mimosa et autres végétaux tropicaux, évoque l’antipode, un ailleurs lointain convoité. Une illusion géographique là où les nuits s’opposent à nos jours et s’enlacent invariablement à l’aurore et au crépuscule, créant un tout sans fin.
L’évocation du cycle solaire plonge l’arpenteur du dessin dans un territoire circadien, rythme chrono-biologique de 24 heures : une horloge interne à tous les organismes vivants qui nous connectent au monde.
Pénétrer dans 24H antipode circadien, c’est aller à la rencontre des créatures hybrides « homobestiaplanta » à plumes, fourrures, graines, fleurs, coquillages, coraux …qui révèlent notre propre hybridation. Ils reçoivent des teintes par imbibition d’encre telle une sève colorante irrigant les fibres de kozo du papier thaïlandais. Ce tête-à-tête insolite, comme un cabinet de curiosités, raconte le probable & l’impossible, le trouble & l’intense, l’évidence & l’insensé. Il évoque les métamorphoses insaisissables, imperceptibles et profondément étonnantes tout au long de l’histoire de la Terre.
La bande-son de 24h antipode circadien « Cantus oceanumsilva » véritable panorama sonore, mêle des enregistrements de chants de cétacés et de forêt tropicale, réalisés par les bio-acousticiens Olivier Adam et Thierry Aubin. Elle donne à percevoir autrement, à ressentir une connexion simultanée avec la vie subaquatique et amazonienne.
24H antipode circadien rend hommage à la vie en perpétuelle évolution et invite à flâner, dans 72 m² d’encre et de papier, sur les rives du grand atlas de la biodiversité, des mers du globe aux forêts tropicales. Fouler les couvertures de survie rappelle l’urgence à préserver ces trésors dont nous dépendons. L’œuvre pose la question de savoir qui sont les sauvages du XXIème siècle ?
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